La mémoire guide mon parcours artistique. Selon Henri Bergson, la mémoire a pour rôle d’évoquer des perceptions passées analogues à une perception présente. Elle est le sujet de mes recherches artistiques qui explorent et interrogent sa perception, sa transmission et sa représentation.
A partir d’une sucrerie abandonnée, du village de pêcheurs disparu, ou d’un souvenir d’enfance, j’aborde dans mes œuvres la question de la mémoire collective et de la mémoire personnelle. Comme l’écrit Paul Ricœur, « La recherche du souvenir témoigne d’une des finalités majeures de l’acte de mémoire, à savoir de lutter contre l’oubli, d’arracher quelques bribes de souvenirs à la rapacité du temps (dixit Augustin), à l’ensevelissement dans l’oubli ».
Cependant la mémoire me sert uniquement de matériau pour mon travail. Celui-ci a pour objectif l’apprentissage des signes. Les signes dans mon œuvre font allusion à de multiples références culturelles et philosophiques. Ainsi divers types de signes sont utilisés pour évoquer la mémoire : les signes iconiques, les signes plastiques. Comme le précise Martine Joly, « plastique et iconique entretiennent une relation de circularité dont l’analyse est indispensable pour comprendre le processus de signification du message visuel et en décrypter les subtilités ».
La construction d’œuvre avec des signes comporte le risque de mauvaise ou non interprétation. La culture avec ses propres références peut représenter une limite dans l’interprétation. Par mes deux cultures (taïwanaise et française) issues des deux extrêmes (orient et occident), je cherche à repousser ces limites d’interprétation.
site : chiamin.art